- MINETTE DE LORRAINE
- MINETTE DE LORRAINEMINETTE DE LORRAINELa minette est le nom local désignant le minerai de fer oolithique qui affleure, en couches stratifiées, dans la région limite entre la Lorraine et le Luxembourg, selon une large bande à l’ouest de la Moselle.La formation ferrifère est interstratifiée dans le Jurassique. Elle date du Toarcien supérieur.Cette série jurassique comprend, de haut en bas: des calcaires à Harpoceras humphresianum ; des calcaires à H. sowerbyi ; des marnes à H. murchisonae ; la formation ferrifère, d’une puissance totale de vingt à cinquante mètres, qui comprend plusieurs couches de minette et dont la partie supérieure correspond encore à la partie inférieure des niveaux à H. murchisonae , tandis que la partie inférieure appartient déjà à la partie supérieure des niveaux à Trigonia navis ; des grès à Trigonia navis ; deux niveaux argileux à H. striatulum ; des marnes micacées du Lias.La formation ferrifère comprend de sept à huit couches, bien individualisées, dont la puissance manque de régularité et de continuité; localement, les passages latéraux de la minette aux couches stériles ne sont pas rares.Vers 1930, la puissance limite d’exploitation était de 1 mètre pour les couches calcaires et riches, et de 1,75 m pour les minerais siliceux et pauvres.À l’analyse, la composition moyenne de la minette est, en pourcentage, la suivante: Fe, de 27 à 40 p. 100; Si2, de 4 à 22 p. 100; Al23, de 1 à 9 p. 100; CaO, de 3 à 19 p. 100; P25, de 0,5 à 1,7 p. 100.La faible teneur en fer est caractéristique de cette minéralisation, ainsi qu’un fort pourcentage de phosphore. Les teneurs en fer et en calcium varient en sens inverse. Le minerai est terreux.Les couches de minerai sont rarement homogènes sur toute leur hauteur et se composent d’une série de bancs de qualités différentes, avec ou sans transition de l’un à l’autre. Le minerai lui-même contient des veinules irrégulières d’argile ou de calcaire ferrugineux. Par endroits, il est très riche en fossiles (bois fossiles et grosses coquilles épigénisées en calcite), agglomérés souvent en lumachelles; ce qui donne à la formation un caractère littoral très net. La proportion du phosphore est en étroite relation avec l’abondance des restes organiques.La structure du minerai est oolithique. Chaque oolithe est formée de couches concentriques de limonite plus ou moins argileuse autour d’un ou de deux centres, qui peuvent être un résidu de chlorite, ou de sidérite, très rarement un reste organique (échinodermes, articles de crinoïdes, petits gastéropodes). La surface en est lisse, brillante et de couleur brune à jaune-rouge.L’analyse des oolithes isolées donne 53 p. 100 de Fe. Le ciment qui les réunit est un mélange de calcaire, d’argile, de silicates de fer, voire de sidérite; il devient siliceux par une plus grande prédominance des grains de quartz mélangés; tantôt blanc, tantôt gris noirâtre, tantôt brun, tantôt vert, il est peroxydé et devient jaunâtre aux affleurements. La teneur en fer du ciment ne dépasse pas 35 p. 100.Au point de vue minéralogique, la limonite est le plus abondant des minéraux, les autres étant représentés par la sidérite, la chlorite (chamosite) et l’hématite.La métallurgie des minerais riches en phosphore posait, au siècle dernier, des problèmes délicats: on sait, en effet, que la présence de phosphore dans la fonte rend celle-ci cassante. En 1877, Thomas Sidney Gilchrist et son cousin Percy Gilchrist découvrirent une technique permettant l’affinage de telles fontes: c’est le procédé Bessemer basique, suivant lequel le phosphore est éliminé en présence d’un excès de chaux (qui provient, ici, du revêtement intérieur du convertisseur).
Encyclopédie Universelle. 2012.